Cuves des EPR : les marges de sûreté sont rognées. Quelles mesures compensatoires ?

Article mis à jour après la communication de l’ASN et de l’IRSN

Les essais effectués par Areva ont confirmé que l’acier au centre des trois calottes sacrifiées pour l’occasion est plus fragile à cause de la trop forte concentration en carbone. On peut donc s’attendre à que ce soit la même chose pour les calottes des EPR de Flamanville et de Taishan en Chine. Mais Areva et EDF pensent que la cuve reste sûre grâce aux marges. Dit autrement, les marges de sûreté ont été rognées et l’ASN et l’IRSN  estiment que cela doit être compensé. Comment ?

Une possibilité consiste à renforcer les contrôles. En effet, si des fissures apparaissent dans la zone où il y a trop de carbone, elles résisteront moins bien à un choc. Or, la cuve ne doit pas lâcher en cas de variation brusque de pression et de température, car ce serait l’accident grave. Si, pour le moment, il n’y a pas de fissure détectable, cela doit être surveillé dans le temps. Dès 2015, l’ASN a donc demandé à EDF une stratégie de surveillance, mais Areva a jugé que cela n’est pas nécessaire !

Areva estimait aussi impossible une concentration trop élevée en carbone au centre des calottes et ne pensait pas nécessaire de faire des contrôles… Et, quand elle s’en est aperçu, la cuve était déjà en place (pour comprendre comment l’industrie nucléaire en est arrivée là, lire notre chronologie). Areva n’a donc pas retenu la leçon.

L’ASN et l’IRSN ont donc réaffirmé leur exigence de contrôles tout au long de l’exploitation de l’EPR, sans que la fréquence ne soit précisée. Si une fissure plus grande que 10 mm de hauteur est découverte, est-ce l’arrêt définitif de l’EPR ? Il ne pourra donc peut-être pas être exploité durant 60 années, s’il démarre un jour.

Il ne faudrait pas que ce soit EDF qui fasse ces contrôles…

La calotte située au fond de la cuve semble facile à contrôler régulièrement, même si cela va engendrer une augmentation de la dose reçue par le personnel. En revanche, pour le couvercle, comme on peut le voir sur le schéma ci-dessus, il y a trop d’instruments et d’équipement pour pouvoir faire des contrôles. EDF a deux ans pour proposer une solution, autrement le couvercle va devoir être changé avant 2024. Selon les médias, EDF en aurait déjà commandé un nouveau.

L’annonce actuelle ne concerne que la qualité de l’acier et ne constitue pas une acceptation de la cuve des EPR de Flamanville et de Taishan. Il y a d’autres contrôles, dont l’épreuve hydraulique, à effectuer auparavant. Les décisions des autorités de sûreté nucléaire française, puis chinoise, sont attendues sur le sujet. La cuve de l’EPR de Flamanville ne sera pas jugée recevable avant 2018.

L’ASN et l’IRSN ont rendu publics leurs expertises et avis. EDF et Areva doivent faire de même ! Quant aux autorités chinoises…

Liens vers les avis du GP ESPN, de l’ASN et de l’IRSN.